« Il faut se battre », « Tu dois être fort(e) », « Il faut rester positif ».
Il est très probable qu’à l’annonce de la maladie vous ayez entendu l’une de ces 3 phrases . Ces mots évoquent une idéologie largement diffusée dans notre société actuelle, celle de « l’esprit combatif ». C’est une manière de réagir face à la maladie, mais ce n’est pas la seule.
L’esprit combatif est une possibilité, ce n’est pas la seule attitude face au cancer
Si votre manière de vivre la maladie ne ressemble pas aux photos des magazines qui prônent le combat, ce n’est pas que vous faites mal les choses, c’est simplement que votre manière de vivre la situation n’est pas celle-ci.
En effet l’esprit combatif est l’une des façons de vivre la maladie mais elle n’est pas l’unique modèle.
L’attitude combative est souvent vue comme étant LA bonne manière de réagir face à la maladie car elle est socialement valorisée par la société et l’entourage. Cependant cela se traduit souvent comme une pression sociale qui contraint à rester “fort” tout le temps.
En pensant que c’est l’unique reference en matière de réaction, le danger est de culpabiliser quand vous n’adoptez pas cette attitude.
Cette notion véhicule deux idées reçues:
- Si l’on n’est pas dans un état d’esprit combatif on diminue ses chances de guérison (–>faux)
- Ressentir de la tristesse signifie que l’on n’est pas combatif et qu’on n’a pas le “bon état d’esprit” (–> toujours faux)
Le risque est alors de vouloir cacher ses états d’âme « négatifs », ( tristesse, peur, colère) en portant un masque pour renvoyer une image positive. Dans ce cas, vous pouvez ressentir un sentiment de décalage entre ce que vous ressentez réellement et ce que vous montrez à vos proches. Dans ce contexte ce n’est pas évident pour eux de vous apporter un soutien adapté, car ils peuvent penser que vous êtes suffisamment fort(e) et n’avez pas besoin de leur aide.
Une autre définition de la combativité
“Composer avec la maladie” :
L’idée du “combat” ne convient pas à tout le monde et il serait dommage de se limiter à la définition que la société en donne habituellement. En effet, être combatif ce n’est pas forcément être dans la peau d’un guerrier qui affronte avec ardeur la maladie. Vous pouvez peut-être vous reconnaitre dans cette idée, mais ce n’est pas la seule.
D’ailleurs, certains patients me disent qu’ils n’ont pas l’impression de se battre, mais plutôt de composer avec la maladie et les effets des traitements. J’entends aussi une autre idée que je formulerai ainsi:
Etre “combatif” c’est déjà essayer de maintenir ses repères et de ne pas s’effondrer.
C’est aussi “avancer malgré la peur”, me disent d’autres patients.
Il est peu réaliste de penser que nous pouvons être en permanence dans un état d’esprit combatif car c’est très fatigant (physiquement et moralement). En général, les personnes alternent entre des moments de confiance et des moments de doute.
Quelle est la bonne attitude face à la maladie?
Incontestablement c’est la votre!
Je vous incite à devenir votre propre référence en essayant de prendre conscience de votre pouvoir d’action.
COMMENT FAIRE?
Identifiez vos forces et vos fragilités:
C’est inhérent à l’être humain, un peu comme les deux facettes d’une pièce de monnaie, nous possédons à la fois des ressources et des limites. Les ressources ce sont vos habitudes de vie, vos activités, vos loisirs, vos amis, votre famille et toutes les ressources psychologiques dont vous avez fait preuve par le passé pour surmonter des difficultés.
Pourquoi il est important de connaitre ses fragilités?
Cela permet de mieux y faire face et de s’adapter aux situations difficiles. En général cela revient à connaitre ses besoins.
Les 3 principaux besoins que vous avez:
- Besoin #1: le soutien des proches. Il est important de vous autoriser à demander leur aide . Si vous vous sentez mal, vous pouvez tout à fait dire à votre partenaire ou un ami que vous avez besoin de sa présence. ——————————————————————————————————————————————————————————————————————————
- Besoin #2: connaitre et comprendre les traitements permet de trouver des solutions pour s’y adapter au mieux et moins les subir (pour plus d’info, vous pouvez consulter mon article “Comment être acteur de son traitement?)——————————————————————-
- Besoin #3: avoir de bonnes relations avec son équipe medico-soignante. Favoriser une communication ouverte permet de se sentir en confiance et améliore la qualité des soins (pour plus d’info, vous pouvez consulter mon article “3 conseils pour préparer sa consultation avec son oncologue”)
N’hésitez pas à me faire des retours en commentaire ou à partager l’article sur les réseaux sociaux
Merci pour cet article !!!
Je me suis souvent demandé pendant deux maladies de cancer, deux fois chimio, comment les gens ils font de “se battre”, car je ne me sentais jamais trop combatif.
J’aime beaucoup les mots “avancer malgré la peur” et je les conseil à tous ceux qui n’ont pas, comme moi, l’idée du combat pendant cette longue période de traitement et de rémission .
Bon rétablissement à toutes et à tous …
Franck
Merci beaucoup Franck pour vos retours et ce message de soutien aux lecteurs!
Bonjour et merci pour cet article !
Je suis en maladie chronique et, pour la première fois en près 4 ans, je peux considérer que j’ai une attitude adéquate.
La maladie nous tombe dessus, les décisions de traitement nous ne les prenons pas. Composer avec les traitements, c’est une nécessité, notre organisme est mis à l’épreuve, il faut juste essayer de l’épargner.
Je ne suis donc ni une guerrière, ni une Warrior. Je me sens en total décalage par rapport à cette image à laquelle il faut coller.
Mon seul choix a été de communiquer de manière positive avec mon entourage c’est qu”il m’a semblé préférable de barboter dans les sourires plutôt que dans le misérabilisme, c’est plus dynamisant !
Maintenant en maladie chronique : j’ai peur tous les 3 mois pour les contrôles mais c’est tout !
Je n’ai pas combattu moi non plus, rien gagné, une chose dont je suis à peu près sure, s’il avait fallu changer mon naturel, je me serais épuisée.
Je vous remercie nous avoir rétabli dans une certaine normalité, c’est très réconfortant : on guérira quand même !
Anne
Merci de votre article; moi non plus je n ai pas eu le sentiment de combattre la maladie mais plutôt de subir les effets secondaires du combat mené pas mes soignants et mes traitements….et j ai tenté tant bien que mal de surmonter tout cela en attendant que le temps fasse son oeuvre….mon entourage ne m a pas parlé de combat, mais s est montré présent et prévenant
Je me suis sentie démunie à la fin des traitements, parce que pour tout le monde , j étais sortie d affaire ….mais moi je sentais mon épuisement physique et moral incompris….
Bonjour.
Bel article qui donne un éclairage intéressant sur cette question qui intrigue parfois les patients. Je suis de ceux qui ont adopté un langage guerrier pour faire face à la maladie, et je comprends très bien ceux qui ne l’adoptent pas ou le trouve inadapté. Chacun de nous à sa manière de faire face à la maladie. Pour moi, cela passe par un personnage que je me suis forgé et qui m’aide à accepter l’inacceptable, un guerrier imaginaire, qui fait partie du groupe qui lutte contre mon cancer. Le combat est mené par une équipe qui fait son possible pour me sortir de ce mauvais pas, mon rôle consiste à mener ce combat avec eux, avec ce corps qui me lâche et le maintien du moral pour pouvoir affronter tout cela. Cela me permet de me sentir acteur de la prise en charge, de ne pas uniquement subir, de mieux affronter la douleur, d’accepter les frustrations liées à la diminution de mes capacités physiques, de contrôler mes peurs, de parler de la maladie sans faux semblants … de me sentir vivant et d’avancer! mais je ne cache pas pour autant mes moments de faiblesse et les exprime sans détour, car bien évidemment nous ne sommes pas des super-héros invincibles, mais de simples humains. Mon entourage a bien compris cela et m’apporte son indispensable soutien en permanence. Quoi qu’il en soit, chacun trouve le positionnement qui lui convient le mieux, il n’y a pas d’attitude obligatoire, le principal étant de vivre au mieux durant cette épreuve.
Merci pour votre article. J’ai déjà utilisé le mot warrior et parfois “combattre” mais à chaque fois je me sentais pas forcement à l’aise avec ça. Grâce à votre article, j’ai mis enfin des mots sur l’impression contradictoire que j’avais d’être quelqu’un de très optimiste et qui véhicule de la positivité mais en même temps de ne pas me sentir une guerrière ou une warrior pour autant.
Merci à vous pour vos retours. Effectivement chacun utilise les termes qui lui correspondent et qui sont en cohérence avec ce qu’il ressent profondément en lui ( et ça peut même varier d’un jour à l’autre).
Pour moi le réel combat se passe entre cette saleté de maladie et les traitements choisis par les généraux du corps médical. Mon corps était et est toujours le champ de bataille. Le plus difficile est d’être acteur de son traitement aussi petites soient les actions, cela aide à moins subir.