Comment aider un proche atteint d’un cancer ?
10 conseils pour vous aider
« Comment lui parler? Quels sont les mots à éviter ? Comment le soutenir et l’aider? », sont des questions que les proches m’ont souvent posées.
L’annonce d’un cancer est souvent ressentie comme un choc pour la personne concernée, mais également pour l’entourage familial, qui se sent souvent démuni.
En tant que psychologue j’ai beaucoup accompagné les patients touchés par un cancer, mais également leurs familles qui se sentaient souvent dépassées par les évènements…
Les familles et les proches que je rencontre me disent souvent qu’il est difficile pour elles de connaître les besoins de la personne qu’elles accompagnent. Elles ne savent pas quelle attitude adopter et se sentent parfois envahies par le doute et l’incertitude. J’ai donc écrit cet article en particulier pour les proches des patient(e)s, mais également pour toutes les personnes qui accompagnent une personne malade.
Aujourd’hui, je vous propose 10 conseils pour vous guider :
Je ne pourrai pas vous donner une réponse unique, ni vous assurer à 100% que chacun de mes conseils pourra s’appliquer à votre situation. Chaque personne est différente, et vit cette épreuve à sa manière, cependant il y a des choses que vous pouvez faire pour accompagner votre proche malade.
Apprenez à connaître la maladie et les traitements
Pour commencer il est important de connaître l’essentiel quant à la maladie et aux traitements que votre proche va devoir affronter : le nom de la maladie et des traitements , les effets secondaires, l’impact que cela peut avoir dans son quotidien (au niveau physique et psychologique).
En connaissant ces informations, vous pourrez mieux l’accompagner dans son parcours de soin.
Soyez compréhensif(ve)
Votre proche aura besoin de sentir que ses réactions, ses questions et ses craintes sont légitimes. Le réflexe est souvent de vouloir le rassurer en lui disant « Ne t’inquiète pas, tu es fort(e), ça se soigne bien… », cependant ces phrases ne vont pas l’aider à changer son état d’esprit , au contraire il (elle) va avoir l’impression que son ressenti n’est pas légitime et qu’il faudrait réagir autrement.
« Arrêtez de nous dire : « il ou elle s’en est sorti tu verras c’est rien ». »
Offrez-lui une écoute bienveillante, sans jugement
Avant , pendant et après des traitements (ou une opération) votre proche aura besoin d’être écouté, sans être jugé. Je sais que ce n’est pas toujours évident, car vous pouvez avoir l’impression que vous devez absolument trouver les mots justes ou lui donner un conseil avisé, cependant la plupart du temps votre proche n’attend pas de conseil, il (elle) a simplement besoin d’exprimer ce qu’elle ressent. De plus, il est important pour lui (elle) de sentir que vous l’écouter avec un réel intérêt. Vous pouvez lui dire que vous entendez sa tristesse, et que son inquiétude est compréhensible, ou parfois ne rien dire et seulement l’écouter.
Quelques jours après l’annonce du diagnostic [on m’a demandé] « Pourquoi tu veux demander un deuxième avis ? »
Ce qui ne m’a pas aidée ou m’a vexée, des réflexions telles que “les cheveux ça repousse”
Observez ses comportements
En étant attentif et en l’observant , vous pouvez aussi avoir beaucoup d’indices quant à son état physique et psychologique. Par exemple, quand votre proche est fatigué, il a peut-être besoin d’être tranquille,il peut être plus irritable, ou alors il aimerait que vous soyez présent(e) à ses côtés… Vous verrez qu’en observant ses habitudes comportementales, vous pourrez lui apporter une aide plus adaptée.
Soyez présent(e)
Votre proche aura besoin de vous, et en particulier de votre présence. En réalité il (elle) a besoin de savoir qu’il (elle) est entouré(e) et de sentir qu’il (elle) peut compter sur vous. Par exemple le fait de l’accompagner à ses rendez-vous médicaux ou de venir à des séances de traitement (avec son accord) est une façon de lui dire « Je suis là, tu n’es pas seul(e) ».
N’hésitez pas à lui dire et à lui rappeler régulièrement que vous pensez à lui (elle) , un petit message (mail ou sms) fait toujours plaisir. Par exemple vous pouvez lui dire « Je sais que c’est ta première séance de traitement aujourd’hui , je pense fort à toi ».
« Un simple « je pense à toi » est suffisant pour moi. »
« Je suis là si tu as besoin. »
« Une présence parfois suffit, sans trop de mots »
Donnez-lui un coup de pouce pour le quotidien
Je rencontre beaucoup de personnes pour lesquelles il est très difficile de demander de l’aide, je vous invite donc à faire des propositions précises. Par exemple, au lieu de dire « Est-ce que je peux t’aider à faire quelque chose ? », préférez plutôt « Je vais faire des courses, est-ce que je peux te ramener un pack d’eau ou autre chose ? » , ou vous pouvez la soulager de certaines tâches domestiques (ménage, papiers, aller récupérer les enfants à l’école).
L’objectif est de l’aider à vivre le plus sereinement et « normalement » possible. Vous pouvez par exemple l’aider à établir des priorités quant aux activités qu’il (elle) peut faire, et l’inciter à faire celles qu’il (elle) apprécie le plus.
« Pendant les chimios, ce qui m’a aidé c’est une amie qui m’a apporté des plats faits maison, que je n’avais plus qu’à réchauffer. »
C’est important aussi de ne pas tout faire à la place de la personne malade, pour éviter de l’infantiliser. Même si vous avez les meilleures intentions du monde et que vous faites cela pour lui rendre service, parfois ça peut être mal ressentit et lui donner l’impression qu’elle est « incapable » de faire les choses. Vous pouvez toutefois lui poser la question en lui demandant si ça ne la dérange pas que vous l’aidiez.
Proposez des initiatives
Le plus souvent il n’est pas évident pour la personne malade de savoir ce qu’elle veut faire, alors n’hésitez pas à proposer des activités qui lui permettrait de se changer les idées et d’éviter que la maladie ne prenne toute la place dans sa vie (marcher, voir des amis, ou faire une activité douce pour éviter de trop la fatiguer).
« Ce qui m’a aidé c’est que mon mari me bouge. Il me prenait le bras pour qu’on aille marcher »
Prenez en considération la maladie, sans considérer la personne comme un(e) « malade »
Cela peut sembler paradoxal, cependant beaucoup de mes patients ont exprimé ce souhait : ils ont besoin que leurs proches prennent en compte leur état physique et psychologique (fatigue, état émotionnel, craintes) sans pour autant « les traiter comme un patient ».
Ils n’ont pas envie que l’on porte sur eux un regard de pitié , et ont besoin de sentir que le regard que vous portez sur eux n’a pas changé. L’idée est de prendre en considération l’impact de la maladie ou des traitements, et de lui faire sentir qu’elle est avant tout votre « époux(e) », votre enfant, votre parent, ou votre ami(e) et pas un patient.
« Pendant les traitements, j’ai un ami qui n’a jamais changé son comportement avec moi et ça m’a fait beaucoup de bien… je me sentais normale en fait.»
Evitez certains mots
Quand vous prenez des nouvelles, plutôt que de lui demander « Comment ça va ?» préférez plutôt « Comment te sens-tu ? ». Ce sera plus adapté à la situation et ça lui permettra de savoir que vous vous préoccupez de son état.
Il est important aussi d’éviter les comparaisons en parlant d’une personne qui a eu les mêmes traitements ou la même maladie (même si c’est pour être rassurant). Chaque individu est unique et réagit différemment aux traitements ( et à l’annonce de la maladie). Le fait de comparer met souvent la personne mal à l’aise , elle va avoir l’impression qu’on la juge (ou alors elle peut être amenée à se juger elle-même).
Pour aller plus loin , j’ai écrit un article dans lequel j’énonce différentes phrases à éviter et j’explique pourquoi elles peuvent être blessantes : « Réaction des proches: les phrases maladroites » .
« Ne nous parlez pas sans cesse de quelqu’un que vous connaissez (qui a été ou est malade ) et arrêtez de comparer les traitements, la reconstruction choisie… »
A éviter: « Tu as vraiment de la chance d’être à la maison et d’en profiter. »
Prenez soin de vous
Si vous ne prenez pas soin de vous, il sera difficile de prendre soin de votre proche malade. Il aura besoin de vous pendant les traitements, mais aussi après (et encore après).
Pour prendre soin d’une personne atteinte de cancer, vous devez d’abord prendre soin de vous. Ce n’est pas être égoïste, ou alors ici on parlerait plutôt d’un égoïsme positif. Il est important d’avoir de l’énergie pour vous, sinon il vous sera difficile d’en donner.
A certains moments vous allez peut-être vous sentir dépassé(e)ou impuissant(e), c’est normal, mais c’est aussi le signe que vous devez ralentir et prendre du temps pour vous. Autorisez-vous à faire des activités qui vous détendent et qui vous ressourcent.
Ne négligez pas votre santé physique et psychologique, elle est importante, et essentielle pour vous et votre proche malade.
Cette situation sollicite énormément votre énergie et elle peut aussi générer du stress. N’hésitez pas à consulter un psychologue qui pourra entendre vos inquiétudes et vos questionnements et qui pourra aussi vous proposer une aide efficace face aux difficultés que vous rencontrez.
Les sensibilités et les besoins d’une personne change d’un jour à l’autre, c’est pour cette raison qu’il est important d’être attentif à votre proche. Et pour pouvoir être attentif à lui, vous devez avoir suffisamment d’énergie (je me répète car les accompagnants négligent souvent leur bien-être).
Souvenez-vous aussi que vous faîtes du mieux que vous pouvez.
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J’espère que cet article aura pu vous apporter quelques pistes, si vous avez des questions , n’hésitez pas à m’ envoyer un message à audrey@lapsyquiparle.fr . Je ferai une vidéo pour répondre à vos questions.
Je tiens à remercier les abonné(e)s de mon blog et de mon compte Instagram, qui ont accepté que je partage leurs paroles pour cet article. Merci encore pour ce travail de collaboration ! 🙂
Si vous pensez que cet article peut intéresser d’autres personnes, n’hésitez pas à le partager sur les réseaux sociaux ( facebook, instagram, tweeter…) ou par mail!
Merci pour ce très bel article
Merci beaucoup pour votre commentaire.
J’aurais aimé que certains de mes amis lisent cet article avant de me parler. Je n’aurais pas entendu des phrases comme “ce doit être terrible de se sentir diminuée” après ma mastectomie. Ou toutes ces fois où l’on nous compare avec des gens qui sont morts de cette maladie…. Merci pour votre travail.
D’expérience, J’ajouterai, éviter d’imposer ses propres convictions à propos de ses choix de traitement et de vie (pro ou anti chimio, pro ou anti médecine naturelle, pro viande ou vegan, etc…) et même si l’on s’informe à ce sujet, respecter son intimité et son besoin d’avoir confiance dans les soins qu’elle reçoit. Mais c’est une excellente idée d’article et je suis tellement d’accord.
Merci pour ce post tres utile.Combien est il difficile pour une maman d’apprendre que sa fille souffre de cette maladie si injuste.On est emparée d’une telle colère “pourquoi n’est ce pas moi?”.La peur “comment cela va tourner ?”l’incertitude “que puis je faire?’.l’apprehensio “quelle attitude adopter?”.Et puis cette attente entre le diagnostique la chirurgie les soins et encore cette attente jusqu’à la future rémission .Ce qui me frappe le plus c’est combien le malade pourrait même s’excuser de tous nous inquiéter .Alors le comble dans mon cas est que ma fille nous rassure.Là j’ai envie de crier Non Non !Ce n’est pas à toi de prendre part à cet aspect psychologique. Alors en tant qu aidant ou accompagnant que faire? Il n’est pas question de faire une intrusion massive dans sa vie quotidienne mais être pres tout pres.Ecouter beaucoup écouter .Aimer beaucoup aimer.Et parfois faire semblant que la vie est exactement comme avant ,alléger les discussions et offrir son aide.En somme on fait comme on peut avec ce fouttu sentiment d’être complètement démuni .
merci pour cet article ;
il ne m’est pas très utile à titre personnel car j’ai la chance d’avoir accepté l’aide d’une psychologue au cours de mes traitements chimios et actuellement au cours de mon hospitalisation à domicile.
Cependant je le transfère à des proches qui ne “savent pas” aborder ou quoi raconter à des amis atteints d’un cancer.
ça fait si peur!
Et puis tout est si diffèrent suivant le lien que nous avons avec la personne atteinte de cancer: lien parental, amical ,fraternel, filial,connaissance éloignée ..suivant l’éloignement géographique ou pas?
Les aidants auraient besoin d’une écoute également sauf qu’ils n’en éprouvent pas le besoin souvent car ils se sentent si forts!
Effectivement ce n’est pas toujours évident pour les proches qui veulent souvent bien faire , mais ne savent pas comment aider. Merci pour votre commentaire Anne-Marie.
Apres le grand bonjour, je tiens a vous remetcier pour cet article clair et consistant sur un sujet touchant une maladie qui malgtes le prigres de la medecine fait peur. a vrai dire cet article m a ete tres utile. Merci beaucoup. Toutefois, si vous avez du temps un autre aryicle similaire sur l attitude a prendre par l accompagant dans la periode de remission. Encore une fois Merci beaucoup.
Bonjour, je vous remercie, c’est si compliqué de dire les bons mots.
On est parfois maladroite et peut être brutales, comment faire pour ne pas être submergé par le chagrin quand son frère est touché par une maladie grave et que l’on est l’aînée bien portante? on ressens une telle injustice que ce soit lui!
Bonjour merci pour votre article. Ça m’a donné une bouffée d’air dans mon questionnement. Mon conjoint est pas bien et je suis en train de m’écrouler
Bonjour,
Je viens de tomber sur cet article qui m’a parlé à 100% ! Il est presque troublant de vérité 🙂 J’ai 27 ans et on a diagnostiqué un cancer à mon mari il y a 6 mois – sorti de nulle part, “la faute à pas de chance”… Bref, un énorme coup de massue qui a chamboulé nos vies. Il est actuellement en chimiothérapie et nous faisons face du mieux que nous pouvons.
En tant qu’aidante je me retrouve totalement également dans cet article : beaucoup de proches ne savent pas comment réagir face à moi et face à mon mari et sont souvent maladroit.es. Difficile de leur en vouloir mais c’est quelque chose qui pèse beaucoup sur le moral. Avec la maladie de mon mari je vis des moments d’extrême solitude et d’incompréhension.
Merci infiniment d’ouvrir la parole à ce sujet. Cet article est précieux ! Si jamais vous avez besoin de témoignages d’aidantes je serais ravie de partager mon expérience !
Merci infiniment pour votre article.