Aujourd’hui, je vous parlerai d’un sentiment qui survient en fin de parcours de soin: c’est le fameux “coup de blues après traitement”. Ce n’est pas une fatalité mais il est important de savoir que ça peut arriver .

Le coup de blues après les traitements

Durant les temps qui précèdent la fin des traitement, il y a une idée très répandue : limpression que vous serez heureux une fois le traitement terminé. Pourtant quand cette date arrive enfin, il est rare de ressentir de la joie.

Certains de mes patient(e)s  sont même déçu(e)s de leur réaction et se sentent coupables de ne pas être enjoués. Effectivement, ce n’est pas parce que les traitements sont terminés qu’on arrive à tourner la page. De plus, on peut se sentir en décalage avec les réactions des proches qui vous disent que tout est fini (ce thème fera d’ailleurs l’objet d’un prochain article).

Les personnes que j’accompagne ressentent plutôt une forme de soulagement: “Je ne serai plus obligé de venir tous les jours pour mes rayons”, “Les nausées vont enfin s’arrêter” ou “Je vais pouvoir reprendre mes activités”. C’est vrai, les effets secondaires disparaissent progressivement et la forme physique revient…mais parfois quand le corps va mieux c’est le mental qui se relache .

C’est alors le temps des doutes et des angoisses qui (re) surgissent .

Guidés par les soignants et les médecins, votre vie était rythmée par les traitements. Vous aviez à porter de mains des professionnels de la santé qui pouvaient répondre à vos questions. Pendant des mois, on vous a donné “la marche à suivre”  et aujourd’hui on ne vous dit plus ce que vous devez faire.

“On m’a lâché dans la nature” est une expression très courante pour évoquer ce moment. On peut être à la fois soulagé que tout se termine et avoir peur de la suite. Cette idée génère souvent un sentiment d’incompréhension vis à vis de ses propres ressentis.

Pourtant ce paradoxe est tout à fait normal, car le monde médical représentait aussi un espace soignant et sécurisant.

Vous pouvez également être surpris de ressentir un mal-être alors que jusqu’ici vous aviez traversé la tempête sans trop de perturbations émotionnelles.

 

Le blues d’après traitement, et si c’était utile?

C’est une phase qui permet aussi à votre esprit de réaliser ce qui s’est passé et de le “digérer”. Maintenant que les traitements sont terminés, on peut regarder en arrière et prendre conscience de tout ce que l’on a traversé. Cette forme de bilan vous permettra de savoir comment envisager votre futur : vous saurez ainsi ce que vous voulez changer dans votre vie et ce que vous voulez garder.

Pour illustrer mes propos, une petite métaphore :coup de blues apres traitement deprime post-cancer

Votre vie pendant la maladie, c’est un peu comme si vous étiez sur votre bateau et que le capitaine de votre navire ne soit plus vous, mais votre oncologue. Il connaît bien les eaux dans lesquelles vous allez naviguer et il se propose de prendre la barre le temps de traverser une zone de perturbations. Une fois la tempête passée, il vous redonne les commandes de votre navire, car c’est vous le capitaine. C’est vous qui connaissez le mieux votre navire et qui en avez la plus grande expérience…mais la boussole est abîmée et vous ne savez plus vraiment dans quelle direction aller.

Dans ce contexte, ce n’est pas évident de retrouver ses repères. Vous entrez alors dans une période de reconstruction, dont la durée est différente pour chacun.

 

Quelques pistes pour se retrouver:

  • Parlez à vos proches, à des personnes qui vivent le même parcours que vous, ou à un professionnel de santé. Il est important de partager ce que vous ressentez pour vous sentir soutenu(e) et entouré(e).
  • Reprenez doucement des activités (loisirs, activités physiques, sorties). Ce qui compte c’est de passer à l’action et de faire un petit peu chaque jour (exemples: marcher, voir des amis, faire du rangement…)
  • Utilisez votre énergie pour des actions ou des activités qui vous font du bien. Votre forme physique et psychologique est très variable d’un jour à l’autre, il faut donc estimer ce que vous pouvez faire en fonction de votre réserve d’énergie actuelle.

 

Cette phase de transition n’est pas facile à gérer, mais n’oubliez pas que chaque petite action que vous entreprenez, est un pas vers la vie.

 

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